Décembre 2001. Usinor, Arbed et Aceralia fusionnent pour donner naissance au leader mondial du secteur sidérurgique avec quelque 46 millions de tonnes d'acier produits par an (voir 6com du 13/12/01). La Région wallonne se réjouit de ce rapprochement et entend rapidement finaliser un nouvel accord avec Usinor pour qu’elle garantisse la bonne fin des engagements pris en 1998 lors du rachat de Cockerill-Sambre (il est question de la réfection du haut-fourneau 6 entre autres).
Juin 2002. Une première rumeur agite le bassin liégeois : alors qu’Arcelor avait annoncé la fermeture d’une des quatre sites continentaux (Liège, Florange, Brême, Eko Stahl) pour 2005, le sidérurgiste aurait finalement décidé de ne plus investir du tout dans la sidérurgie continentale (voir 6com du 04/06/02).
Juillet 2002. Par le biais de la presse, Guy Dollé rassure : il n’existe pas de plan de liquidation de Cockerill-Sambre, juste un constat de moindre performance à Liège. Jean Gandois, ex patron de Cockerill, fait douter : « Je crains que la fermeture de Brême soit politiquement plus difficile », alors qu’Eko Stahl et Florange sont plus performants (voir 6com du 15/07/02). Mais à ce moment, officiellement, le site continental sacrifié sur l’autel de la rentabilité n’est pas encore connu.
Janvier 2003. Arcelor confirme, le 24 du mois, la rumeur de juin 2002 : il n’investira plus dans la sidérurgie continentale, ce qui signifie la fin du chaud liégeois… mais aussi des trois autres sites européens (voir 6com du 24/01/03).
Avril 2003. Après d’âpres discussions entre direction et syndicats, un préaccord est conclu : le calendrier de la fin du chaud prévoit la mise sous cocon du haut-fourneau 6 (Seraing) le 30 juin 2005, ce qui élimine de facto son démantèlement au-delà de cette date (voir 6com du 25/04/03).
Avril 2004. Un an plus tard, les accords sont bétonnés dans un document signé par tous : la « déclaration commune d’accord sur la mise en œuvre du projet d’avenir d’Arcelor en Wallonie – bassin de Liège » (voir en annexe) stipule au point 1.B.3 que « pour la phase à chaud de CS à Liège, le calendrier arrêté entre Arcelor et les organisations syndicales prévoit l’arrêt et la mise sous cocon du premier haut-fourneau au 1er juillet 2005 et l’arrêt de la phase à chaud au plus tôt le 1er janvier 2009 et au plus tard le 31 décembre 2009 ». Le texte précise également : « L’arrêt du haut-fourneau 6 sera effectué dans les conditions permettant un éventuel redémarrage en cas de besoin, ce qui s’entend par « mise sous cocon ». Ce site et l’outil seront sécurisés afin d’éviter leur dégradation ».
Mai 2004. Une nouvelle rumeur circule : Arcelor pourrait à présent retarder la fermeture des hauts-fourneaux liégeois en raison de la forte demande d’acier et de la pénurie de coke et de minerai (voir 6com du 19/05/04). Cinq jours plus tard, le sidérurgiste dément : « Nous nous en tiendrons à l’accord conclu avec les syndicats et le gouvernement » (voir 6com du 24/05/04).
Octobre 2004. Le conseil d’entreprise extraordinaire apprend que le haut-fourneau B (Ougrée), qui doit fonctionner jusqu’en 2009, pourrait finalement ne pas tourner à un haut rendement et donc ne pas atteindre sa production maximale (voir 6com du 29/10/04).
Janvier 2005. Arcelor laisse sous-entendre que faute de minerai, l’arrêt du haut-fourneau 6 pourrait être avancé de trois semaines, soit le 7 juin (voir 6com du 28/01/05).
3 mars 2005. Invité au Grand Liège, Gilles Biau ne se laisse pas emporter par l’optimisme né de la bonne tenue du marché de l’acier : «La situation euphorique actuelle ne peut remettre en cause nos orientations stratégiques, c'est une question de bon sens. Nous devons profiter de la période faste pour réorganiser nos outils et offrir un bon accompagnement social aux travailleurs plutôt que d'attendre la crise » (voir 6com du 04/03/05).
25 mars 2005. Arcelor annonce une réduction de sa production d’aciers plats carbonne : « Cette décision va entraîner l'arrêt d'un haut-fourneau à Stahlwerke Bremen (Allemagne), une réduction sensible de la production de la phase à chaud de Cockerill-Sambre (Belgique), une réduction de la production de coils à chaud au site d'ACB, en Biscaye (Espagne), l'arrêt prolongé d'un haut-fourneau chez Eko Stahl (Allemagne)". La situation ne devrait pas changer, à moins que « "les conditions du marché se modifient radicalement" (voir 6com du 25/03/05) .
26 mars 2005. La mise sous cocon, bétonnée dans l’accord en 2004 et encore sous-entendue un jour plus tôt, est définitivement balayée par Etienne Botton dans La Meuse : « Il est toujours délicat d’arrêter puis de faire redémarrer un haut-fourneau. (…) Si on avait eu une autre solution, on l’aurait prise ». (voir 6com du 29/03)