Léa travaille depuis une trentaine d’années pour le même employeur, l’équipementier aéronautique français Hispano-Suiza qui fait partie du groupe Safran bien connu en région liégeoise pour avoir intégré Techspace Aero. Elle y a exercé diverses fonctions d’employée qui lui ont permis de gravir les échelons de la hiérarchie.
Tout serait pour le mieux si Léa ne s’était rendu compte que des collègues masculins, à compétences et travail égaux, ont vu leurs mérites plus rapidement reconnus que les siens. Avec l’assistance de son syndicat, Léa décide ne se pas se laisser faire. Elle saisit les prud’hommes, l’équivalent français de notre tribunal du travail, en soutenant qu’elle est victime d’une discrimination du simple fait qu’elle est une femme. Elle appuie son argumentation en mettant en comparaison l’évolution de carrière de cinq collègues masculins et la sienne.
C’est criant: les mecs ont atteint le haut de l’échelle après une période allant de 7 à 20 ans alors que Léa a dû attendre 28 ans pour la même reconnaissance. Les prud’hommes vont dans le même sens que Léa : il n’y a aucun élément objectif qui permet de justifier cette différence de traitement. Hispano-Suiza est dès lors condamnée à relever le niveau de rémunération de la travailleuse et à indemniser Léa de 35.000 euros pour son préjudice matériel et moral.
L’employeur ne désarme pas pour autant et fait appel. Mal lui en a pris, car la Cour d’appel a confirmé le premier jugement. Ces épisodes judiciaires constituent une première en France en ce qu’ils sanctionnent une discrimination sexuelle courant sur l’évolution d’une carrière. Ce n’est donc pas, dans le cas de Léa, une différence visant un moment précis qui a permis d’établir une discrimination entre homme et femme.