Depuis deux ans, Léa travaille comme caissière dans une grande surface. Tout se passe bien jusqu’au jour où l’employeur de Léa décide de la licencier sur-le-champ. La faute grave de la travailleuse serait de ne pas avoir révélé à son employeur, une information que celui-ci juge essentielle.
En fait, deux ans avant d’être engagée comme caissière, Léa avait utilisé des chèques volés pour acheter des marchandises dans une autre grande surface appartenant au même employeur. Ce dernier reproche donc à Léa de s’être tue et prétend que s’il avait su, il n’aurait jamais engagé Léa comme caissière.
Léa a-t-elle dès lors commis une faute grave ? Tant le tribunal que la cour du travail ont répondu par la négative. Les ennuis judiciaires de Léa, condamnée dans l’affaire du vol à payer un dédommagement à la société devenue son employeur, relèvent de la sphère privée. Celle-ci ne doit être prise en compte dans le cadre d’un recrutement que si elle est en rapport avec la nature et l’exercice de la fonction, en l’occurrence celle de caissière.
De plus, l’employeur, au moment de l’engagement de Léa, ne lui a pas posé de question sur les faits reprochés. Et il n’incombait pas à Léa de révéler spontanément son passé. En ne le faisant pas, elle n’a pas davantage induit son employeur en erreur. Au-delà, le silence de Léa ne l’a pas empêché d’exercer correctement son travail.
Le licenciement pour faute grave est donc abusif et l’employeur de Léa a été condamné à lui verser une indemnité égale à trois mois de salaire.
