Suicide à l'entreprise: Renault condamnée pour faute inexcusable
Un triste jour d’octobre 2006, Antonio, un ingénieur-technicien de 39 ans s’est jeté par la fenêtre d’un des bâtiments du Technocentre de Renault qui occupe 12.000 personnes en région parisienne. « Je l’ai vu perdre 8 kilos en un mois et demi. Il était en larmes tous les soirs et passait ses nuits et week-ends à travailler. Aucune faute ne lui serait pardonnée, répétait-il. Aujourd’hui, la Justice ne pardonne pas la faute de Renault», a déclaré Sylvie, sa veuve, au sortir de la Cour d’appel de Versailles.
Cette dernière a rendu à la mi-mai, un arrêt très attendu qui confirme un premier jugement rendu en décembre 2009 par le tribunal des affaires de sécurité sociale des Hauts-de-Seine. Renault a commis une faute inexcusable en ce qu’elle n’a pas respecté son obligation d’assurer la sécurité de son travailleur d’autant que ses souffrances, tant physiques que psychologiques, s’étaient révélées quelques mois avant son acte fatal. Ces souffrances étaient indubitablement liées à un accablement dû à la charge de travail qui lui était imposée par l’employeur.
La Cour d’appel épingle que le stress qui frappait le travailleur était exclusivement lié au travail réalisé au sein de la société Renault, qu’il n’a pu être mis en évidence la préexistence de troubles psychologiques ou de problèmes familiaux. Des éléments dont a tenté de se prévaloir Renault pour se dédouaner. Un entretien orageux avec un supérieur juste avant la chute mortelle ajoute encore au rapport étroit entre le suicide d’Antonio et son mal être au travail.
Bref, de tout ce qui précède, Renault a dû être consciente ou, à tout le moins, aurait dû prendre conscience de l’état de détresse dans lequel se trouvait son salarié. Au-delà, mais cela la Justice n’en fait pas état, il n’en reste pas moins qu’il y va de la responsabilité individuelle et collective des travailleurs de ne pas rester indifférent aux souffrances de leur(s) collègue(s). Ca s’appelle l’altruisme, une valeur de moins en moins à l’honneur aujourd’hui.